« Mais pour cela, l'éducation me semble essentielle. Chaque parent devrait consacrer du temps à bien expliquer aux enfants pourquoi il existe des gens différents, des gens qui ne voient pas, des adultes "en poussette" comme des bébés. Les enfants, chercheurs, véritables philosophes en herbe, veulent comprendre. Le mot "pourquoi" revient sans cesse sur leurs lèvres. Souvent, cette soif de connaissance se heurte à une gêne, et l'indifférence des parents vient détruire cet intérêt. `...` Peut-on y remédier ? C'est difficile. Peut-être ne faudrait-il pas défendre, mais plutôt apprendre à regarder autrement, à comprendre. J'ai vu des enfants changer du tout au tout. par une simple explication, leur façon de considérer devenait plus naturelle, plus amicale, plus vraie. p.70 »
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Alexandre Jollien
Éloge de la faiblesse |
Alexandre Jollien
Éloge de la faiblesse
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« Souvent, le soir, perdu dans mes pensées, j'enviais le sort des autres enfants : ils dormaient à la maison, partageaient d'agréables moments en famille. Quant à moi, je restais là, esseulé, sans sécurité. (...) `E`n face, Jérôme au regard profond, qui m'observait attentivement. Une fois, il me lança, de sa voix éteinte, dans un effort surhumain un : "Çaa bva?" La pensée que Jérôme, paralysé au fond de son lit, s'inquiétait de mes infimes soucis me bouleverse encore aujourd'hui. Il ne m'avait pas sermonné sur le courage, sur la nécessité de penser positif (...) mais par de simples mots : "Çaa bva?" il avait tout dit. Son soutien était total. On a de plus en plus tendance à exclure le différent, l'inutile, l'étranger, l'autre... Jérôme ne pouvait rien faire physiquement. Après avoir évalué ses possibilités, on le qualifiait volontiers de "non rentable". Pourtant, il m'a appris, mieux que quiconque, le dur "métier d'homme". »
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Alexandre Jollien
Éloge de la faiblesse |
Alexandre Jollien
Éloge de la faiblesse
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« J'aime qu'il y ait quelque chose qui dépasse, et de loin, ce que nous voyons. J'aime un Dieu qui transcende tout, y compris sa transcendance, pour nous rejoindre dans le banal, le quotidien. Le zen m'aide à dézinguer l'image d'un Dieu qui juge, scrute et condamne le moindre faux pas. Je prie ce Dieu de tout mon coeur et de toute mon âme. Prier, c'est vivre, se lever, aimer, aller aux toilettes. Ne jamais oublier que tout est en même temps vain, précaire, fragile, parfait et inouï. »
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Alexandre Jollien
Vivre sans pourquoi |
Alexandre Jollien
Vivre sans pourquoi
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