« Préoccupés. J’aime bien ce terme : être pré-occupé, c’est avoir l’esprit déjà encombré à l’avance, occupé par des soucis. Du coup, il n’y aura pas de place pour ce qu’on a à vivre, pas de place pour d’autres états d’âme, comme par exemple les bonheurs du quotidien. Ou une place limitée, ou contaminée, comme le notait Pessoa : Dans mon cœur règne une paix angoissée. »
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Christophe André
Les États d'âme: Un apprentissage de la sérénité |
Christophe André
Les États d'âme: Un apprentissage de la sérénité
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« Pourquoi sommes-nous si inquiets ? Est-ce dû à notre long passé de proies ? Cela ne fait pas si longtemps que nous avons pris le pouvoir sur la planète en tant qu’espèce animale. Lorsque ce n’était pas nous qui mangions les autres animaux, mais eux (ou quelques-uns d’entre eux) qui se nourrissaient de nous, notre capacité à l’inquiétude était alors un gage de survie : faire attention permettait de vivre plus vieux, donc de faire plus d’enfants, à qui on apprenait d’ailleurs à bien faire attention eux aussi. Et les « pas-assez-inquiets » disparaissaient ; au moins le faisaient-ils joyeusement… C’est pour cela, disent les psychologues évolutionnistes, qu’il y a tant d’aptitudes à l’anxiété chez les humains : nous sommes les descendants d’ancêtres qui survécurent grâce à l’inquiétude. Toutefois, au-delà de nos gènes, il y a notre cerveau et notre intelligence. Nous sommes capables d’anticiper à long terme, ce qui a sans doute rendu de grands services à notre espèce (penser à faire des stocks de provisions, imaginer par où pourraient arriver les ennemis, etc.). Mais cette fonction d’anticipation, qui a pris naissance dans le désir de prévoir d’où pouvaient arriver les ennuis, contient en elle la capacité de dérapage dans une suranticipation : le souci. Ce phénomène de bascule est d’ailleurs repérable en neuro-imagerie : des zones cérébrales différentes sont sollicitées au moment où on quitte l’anticipation simple (état d’âme sans trop de charge émotionnelle, et avec un sentiment de contrôle possible) pour aller vers le souci et l’inquiétude. Les animaux anticipent, eux aussi, mais à plus court terme, par rapport à leur futur immédiat, ils restent dans le « futur du présent ». Les humains sont capables d’extensions temporelles bien plus virtuelles : ils peuvent se projeter dans le futur lointain. C’est la formule « et si… ? », tellement caractéristique des états d’âme liés à l’anxiété. Et si c’était la fin du monde ? Et si plus personne ne m’aimait ? Et si je perdais mon travail ? Et si je ratais mon train ? Et si j’arrivais en retard à la séance de cinéma ? »
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Christophe André
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« Adopter une attitude intéressée et respectueuse envers les inquiétudes de nos patients leur permet à eux aussi d’adopter cette attitude, sans raideur. »
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Christophe André
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