« Décider d’être lent à la colère et de ne détester personne. À force d’explorer les méandres de nos motivations inconscientes, la psychologie moderne a fini par considérablement sous-estimer l’importance de nos décisions conscientes dans les processus de changement. Or décider de laisser de moins en moins de place à la colère et au ressentiment dans sa vie, c’est possible. En tout cas, ce qui est possible, c’est de décider d’y travailler. En sachant que, comme dans tous les combats contre les habitudes, il y aura de nombreuses rechutes et retours de ressentiment : nous devons accepter que ça revienne régulièrement sans le considérer comme la preuve que c’est impossible, mais simplement que ces retours font partie du processus de changement. En France, et plus généralement dans les pays latins, les efforts à faire face à la colère ne sont guère soulignés, et il existe davantage de livres consacrés de manière plus ou moins directe à l’éloge de la colère ou au droit à la colère, que de manuels expliquant comment la contrôler. Dans d’autres pays, la colère est prise plus au sérieux : aux États-Unis par exemple, mais aussi dans bien d’autres endroits, existent des centres de soins spécialisés et des sites Internet dédiés aux colériques qui veulent ne plus l’être. »
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Christophe André
Les États d'âme: Un apprentissage de la sérénité |
Christophe André
Les États d'âme: Un apprentissage de la sérénité
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« Se rappeler qu’il n’y a pas de ressentiment utile. Peu à peu, apprendre à ne plus les tolérer en soi. Par exemple les colères parce qu’on a perdu son chemin lors d’une randonnée en vacances, ou en allant dîner chez des amis. Commencer par s’efforcer de sourire au lieu de s’énerver. Pour cela, planifier et anticiper la venue de l’énervement. Se dire : « C’est typiquement le genre de situation où, en cas de petit incident, je m’énerve vite. Je me calme par avance, maintenant. J’évalue tout de suite si ça vaut ou non la peine de s’énerver. J’accepte tout de suite ceci : me perdre est un événement de vie normal. » Il est vrai que maintenant, avec les GPS, on ne pourra plus utiliser ces petits incidents comme des moyens de muscler sa patience et sa sagesse. Mais, du coup, on sera encore plus démuni le jour de la panne de GPS… »
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Christophe André
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« Se débarrasser des mythes : il n’y a pas de « justes colères », et tous les ressentiments ne sont pas légitimes Attention aux mythes sur la colère : aucune colère n’est bonne. En tout cas, si l’on aspire à l’équilibre intérieur, elle ne peut être tolérée que comme signal d’alarme face à un problème éventuel. Ensuite, il faut l’avoir mise en laisse avant d’agir. Aristote disait : « Elle doit donc nous servir non comme chef, mais comme soldat. » L’action est bonne ; l’action inspirée par la colère peut l’être ; mais très rarement l’action sous son emprise. Ce n’est pas être faible qu’être calme et refuser la colère. Les grands leaders de la non-violence, Gandhi, Martin Luther King, le dalaï-lama, n’étaient – ou ne sont – pas des faibles. Prenons garde de ne pas survaloriser les « justes colères », la colère est surtout un grand destructeur de lien social. On célèbre trop souvent les bénéfices de la colère par rapport à ses énormes dégâts. Cette célébration fait que les forts et les puissants se permettent trop souvent de se mettre en colère, ne freinent pas assez son éclosion, ne font pas assez d’efforts pour dialoguer autrement. Et les faibles s’en veulent de ne pas être capables de faire comme les forts… La colère donne une énergie, certes, mais toxique, polluante, coûteuse. Elle déborde et dérape à peu près toujours. Elle inflige des blessures à l’origine de nouveaux ressentiments, graines de colères et de conflits à venir. »
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Christophe André
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