« La dépression comme déconnexion et retrait du monde… « Quand on s’abandonne, on ne souffre pas. Quand on s’abandonne, même à la tristesse, on ne souffre plus », disait Saint-Exupéry. Lorsqu’on est épuisé de vivre, le renoncement pourrait dans un premier temps, et de l’extérieur, apparaître comme un refuge. Mais pour ne plus souffrir, on renonce à vivre. On se résigne à une vie sans saveur pour n’avoir pu la vivre sans douleur. Hélas, cela ne marche pas, et la souffrance persiste. Certes, comme on cesse de se battre, on éprouve du coup un soulagement, au moins transitoire. On renonce, on ne fera plus d’efforts, on s’abandonne à la maladie. Mais bien vite arrivent les ruminations sur le thème « je suis tombé bien bas ». Peu à peu, d’autres souffrances s’installent : non plus celles de l’échec, du deuil, de la perte. Mais celles de la contemplation de soi dans l’impuissance ; celles de la rupture du lien social, car la dépression est une solitude ou une incompréhension ; même les proches les plus compréhensifs ou les mieux informés auront toujours tendance à attendre davantage de nous, à se dire : « Il (ou elle) doit faire un peu plus d’efforts. » Et puis, l’autre risque, c’est celui de notre lente déconnexion du monde. Alors que la tristesse et les états d’âme associés sont au départ comme une sorte d’hypersensibilité au monde environnant, dans ses aspects sombres, la maladie dépressive altère, au-delà d’un certain stade, la réactivité émotionnelle. On a longtemps pensé qu’elle augmentait la capacité à ressentir des états d’âme négatifs et diminuait celle à ressentir des états d’âme positifs. En réalité, la première proposition est à corriger, à affiner, et ne concerne sans doute que les formes débutantes ou mineures de la dépression. Une fois que la dépression est devenue plus intense, il y a un émoussement global de la capacité à ressentir toutes les formes d’états d’âme, positifs ou négatifs. Ce qui au fond est logique : la dépression, dans sa forme maladive, est une mise en retrait pour s’économiser et se protéger des choses de la vie, que l’on n’arrive plus à affronter. Sa seule vertu, dans un premier temps, est donc qu’elle puisse avoir un effet antalgique, en nous libérant de la douleur de devoir faire face. »
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Christophe André
Les États d'âme: Un apprentissage de la sérénité |
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Les États d'âme: Un apprentissage de la sérénité
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« Restez là, s’il vous plaît. Nous avons besoin de vous ici-bas, besoin de poètes qui ne servent à rien. Besoin de gens sensibles dans ce qu’on appelle parfois “un monde de brutes”. Imaginez un monde sans poètes, où il n’y aurait plus que des bagarreurs, des winners, des banquiers. Imaginez un monde où les seules plantes qui resteraient seraient des milliers de kilomètres carrés de tomates poussant hors sol sous des bâches en plastique, ou de plantes de ce genre. Eh bien, le poète, il est comme le bout de terrain vague oublié où poussent des herbes folles et des fleurs sauvages. On se retrouve en septembre. Amicalement. »
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Christophe André
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« Changer son temps. Pratiquer des cures de lenteur. Comprendre qu’il doit y avoir dans nos vies des périodes de « temps rapide » et d’autres de « temps lent ». Comme nos modes de vie actuels nous imposent souvent le premier, nous accorder le second, régulièrement. Marcher plus lentement dans la rue. S’arrêter plus souvent pour regarder autour de nous. Laisser des temps libres dans nos emplois du temps, et accepter de n’y rien faire. »
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Christophe André
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