« Le matérialisme nous arrache à ce qui fait notre identité et notre humanité : l’alarme a été lancée par les poètes il y a longtemps. Mais on n’écoute jamais les poètes. Voici ce qu’écrivait Stefan Zweig au sujet de Rilke : « Il me paraît merveilleux que nous ayons eu devant les yeux, au temps de notre jeunesse, de tels poètes. Mais je me le demande avec une secrète inquiétude : des âmes aussi totalement consacrées à l’art lyrique seront-elles possibles à notre époque, avec les conditions nouvelles de notre existence, qui arrachent les hommes à tout recueillement et les jettent hors d’eux-mêmes dans une fureur meurtrière, comme un incendie de forêt chasse les animaux de leurs profondes retraites ? » Ou notre cher Thoreau, qui partit vivre un an dans les bois à Walden : « Je pense que notre esprit peut être sans cesse profané par le fait d’assister régulièrement à des choses triviales, de sorte que toutes nos pensées seront teintées de vulgarité. » Et aussi : « Une fois que l’homme s’est procuré l’indispensable, il existe une autre alternative que celle de se procurer les superfluités ; et c’est de s’aventurer dans la vie présente. » Ou encore Nietzsche : « Toutes les institutions humaines ne sont-elles pas destinées à empêcher les hommes de sentir leur vie à cause de la dispersion constante de leurs pensées ? ». »
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Christophe André
Les États d'âme: Un apprentissage de la sérénité |
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Les États d'âme: Un apprentissage de la sérénité
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« Qu’auraient-ils dit de notre époque ? Les poètes et romanciers ont comme d’habitude vu le problème avant les autres. Il est là, maintenant, énorme, autour de nous et en nous. C’est, comme le notait Cioran : « Le cauchemar de l’opulence. Accumulation fantastique de tout. Une abondance qui inspire la nausée… ». »
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Christophe André
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Les États d'âme: Un apprentissage de la sérénité
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« Gavés mais carencés en vraies nourritures. Travailler plus : pour voir moins ses enfants, son conjoint, ses amis ? Gagner plus : pour acheter des choses dont on n’a pas besoin ? Mettre de la musique partout : pour oublier définitivement ce qu’est le silence ? Dans toutes les maladies de pléthore, il y a des carences cachées : par exemple, les personnes obèses sont souvent carencées en vitamines liposolubles, en folates, en zinc. Nos âmes aussi sont carencées, alors qu’elles ont l’impression d’être nourries et stimulées. Les modes de vie matérialistes provoquent un détournement des nourritures de base dont nous avons besoin. Pas nécessaire d’être un hypersensible pour avoir besoin de silence, de calme et de réflexion : tous les humains en ont besoin. Pourtant, aujourd’hui, trouver le silence doit être un choix délibéré, une décision à prendre et surtout à imposer dans notre quotidien. »
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Christophe André
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