« Repérer le pilote automatique. Je comprends ce qu’il est : c’est ce programme mental qui se déclenche dans les gestes routiniers, dont je peux m’absenter. Pour me brosser les dents, prendre ma douche, accomplir certains trajets, certaines tâches, manger, je n’ai pas besoin de tout mon cerveau. Je peux laisser cela se faire tout seul, en roue libre : c’est le boulot du pilote automatique. Le pilote automatique a des avantages : il est un système d’économie d’énergie par économie d’investissement de conscience. Il est effectivement inutile de mettre toute ma conscience et tout mon cœur, tous les matins, dans le brossage de mes dents (mon dentiste m’a, par contre, expliqué l’importance de les brosser toutes…). Mais il a aussi des inconvénients : il facilite notamment, à certaines périodes, l’ouverture d’un autre programme automatique, celui des ruminations. Si je ne suis pas présent à ce que je fais, dans les périodes de stress ou d’agacement ou de déprime, cela aspire et appelle les ruminations (« Ohé ! Venez ! Il n’y a personne ! La place est libre ! »). Les activités que je conduis en pilotage automatique sont alors envahies de ruminations : je rumine en me brossant les dents, en allant à mon bureau, en travaillant… Le pilote automatique peut aussi me faire m’absenter du présent : alors, je tombe dans l’escalier avec mon plateau parce que je pensais à autre chose, grâce à mon pilote automatique de montée d’escalier ; ou bien je ne sais plus où j’ai mis mes clés, parce que ce n’est pas moi qui les ai posées quelque part, c’est mon pilote automatique de rangement (et il a fait comme il a voulu). La pleine conscience m’incite et m’aide à débrancher régulièrement (pas toujours, mais régulièrement) tous ces programmes automatiques. À choisir, de temps en temps, de me brosser les dents en pleine conscience, de monter l’escalier en pleine conscience, de manger en pleine conscience, etc. À faire vraiment ce que je fais, même si ce n’est que faire la vaisselle. Même pour sortir la poubelle : le faire en pleine conscience, c’est bon pour mon âme. »
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Christophe André
Les États d'âme: Un apprentissage de la sérénité |
Christophe André
Les États d'âme: Un apprentissage de la sérénité
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« Vivre en pleine conscience : il y a quelqu’un là-dedans ? La vie consciente, c’est la vie normale, tout simplement. Mais avec une permanence d’ouverture et de sensibilité. Une permanence d’accueil pour le banal et l’exceptionnel. La vie consciente, c’est la vie maintenant. Compliquée, confuse, imparfaite, bancale. Nous avons parfois tendance à penser que la vie, la vraie, la bonne, ne commence qu’une fois tous nos problèmes résolus. Non, elle est déjà là, sous nos problèmes et nos insatisfactions. Prête à accueillir le bonheur et la grâce. J’aime bien cette phrase de Maître Eckhart : « Dieu nous rend souvent visite, mais la plupart du temps, nous ne sommes pas chez nous… » Je me dis que je peux bien prendre trois minutes, trois fois par jour, pour vérifier où je suis, et pour répondre oui à la question : « Il y a quelqu’un là-dedans ? » Oui, je suis là. Vivant. Présent. Conscient… »
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Christophe André
Les États d'âme: Un apprentissage de la sérénité |
Christophe André
Les États d'âme: Un apprentissage de la sérénité
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« Désobéir aux injonctions inconscientes. De mon passé, de la société. J’apprends à repérer tous les « donneurs d’ordre » tapis en moi. Suis-je obligé de m’énerver et de m’affoler lorsque je ne trouve pas la solution à un problème ? Suis-je vraiment obligé d’ouvrir une revue dans cette salle d’attente ? Obligé de regarder mes mails tous les jours ? De quitter mon travail si tard ? De ne pas « perdre mon temps » ? Pessoa, grand rêveur et grand observateur des mouvements de l’âme humaine, parlait de rester « fidèle à quelque serment oublié » pour décrire ces instants où nous perpétuons des automatismes appris du passé, mais qu’il n’est peut-être plus nécessaire de faire vivre en nous, du moins sous forme d’automatismes, justement. »
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Christophe André
Les États d'âme: Un apprentissage de la sérénité |
Christophe André
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