« Disposer de mantras autocompassionnels. Dans les traditions bouddhistes et hindouistes, le mantra est une phrase très ramassée que l’on va répéter régulièrement pour s’en imprégner. C’est un mot issu du sanscrit, qui signifie en gros « outil de protection de l’esprit » (manas : arme ou outil de l’esprit, et tra : protection). Nous pouvons disposer de mantras personnels tels que : « Prends soin de toi », « Ne te fais pas de mal », « Inutile de t’agresser », « Pas de double peine », « Fais ce que tu as à faire », « Ne te déteste pas ». Cela risque évidemment de paraître un peu naïf ou rigide, mais dans la pratique, de telles phrases peuvent représenter des petits automatismes de rappel à l’ordre, lorsque nos démons intérieurs font apparaître à notre esprit des formules opposées, des « mantras autodestructifs » : « Tu es nul », « C’est la catastrophe », « Tu n’y arriveras jamais », « Tu ne le mérites pas », etc. Avoir régulièrement fait tourner ces mantras autobienveillants dans notre esprit lors d’exercices de méditation peut aussi aider à les automatiser. Non pas pour devenir des robots, mais de manière que les autres automatismes, ceux que notre passé a déposés en nous, se trouvent limités, le temps que nous puissions y réfléchir calmement. Cette approche n’a été à ma connaissance l’objet d’aucune étude de validation (ou d’invalidation) scientifique. Simplement, nombre de patients semblent l’avoir spontanément adoptée : « Maintenant, j’ai une petite voix dans la tête qui me dit : ne te fais pas de mal. » Victor Hugo avait dit cela de manière plus solennelle dans Les Contemplations : « De quelque mot profond tout homme est le disciple. » »
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Christophe André
Les États d'âme: Un apprentissage de la sérénité |
Christophe André
Les États d'âme: Un apprentissage de la sérénité
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« André Comte-Sponville écrit que « le tragique, c’est tout ce qui résiste à la réconciliation, aux bons sentiments, à l’optimisme béat ou bêlant ». Ouille ! Puis : « C’est la vie telle qu’elle est, sans justification, sans providence, sans pardon. » D’accord, d’accord… Et enfin, il précise : « C’est le sentiment que le réel est à prendre ou à laisser, joint à la volonté joyeuse de le prendre. » Ouf, on respire. Il ajoute ailleurs : « Quant à ceux qui prétendent que le bonheur n’existe pas, cela prouve qu’ils n’ont jamais été vraiment malheureux. Ceux qui ont connu le malheur savent bien, par différence, que le bonheur aussi existe. » La pragmatique du bonheur et du malheur s’éprouve dans la chair… »
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Christophe André
Les États d'âme: Un apprentissage de la sérénité |
Christophe André
Les États d'âme: Un apprentissage de la sérénité
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« Se rendre heureux : raisons et arguments. J’ai rencontré une fois un professeur de bonheur : tout ce qu’il y avait de plus sérieux, ce collègue psychologue avait un boulot de rêve, enseigner la psychologie du bonheur aux étudiants de Harvard. En écoutant une de ses conférences, j’avais été amusé et surtout intéressé par une de ses comparaisons économiques : la banqueroute affective, qui nous rappelle que notre âme humaine peut faire faillite, comme une entreprise. Pour demeurer solvable, cette dernière doit faire des bénéfices : il faut que, au moins sur la durée sinon à chaque instant, ses recettes soient supérieures à ses dépenses. Il en est de même avec notre esprit : tant que les états d’âme agréables sont plus fréquents ou significatifs que les états d’âme désagréables, nous aurons le sentiment que notre vie vaut la peine d’être vécue. Dans le cas inverse, ce sera plus difficile… »
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Christophe André
Les États d'âme: Un apprentissage de la sérénité |
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