« Meredith s'ennuie à Princeton. La Londonienne n'aime pas cette ville de province (...), ce campus qui tente de ressembler à Poudlard avec ses donjons et ses beffrois moyenâgeux du dix-neuvième, elle ne s'habitue pas à ces étudiants qui se croient tout droit sortis de la cuisse de Jupiter et qui, sous prétexte que leurs parents ont déboursé soixante mille dollars de frais de scolarité, lui mailent à toute heure des questions triviales sur le théorème de non-plongement de Gromov (...) »
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Hervé Le Tellier
L'anomalie |
Hervé Le Tellier
L'anomalie
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« Elle exhibe la bouteille vide qu'elle tient à la main, se penche dans un geste délicieusement imprécis et lui souffle au nez une haleine tiède et parfumée de houblon. - Respirez, Adrian, c'est le parfum de la contrariété et de l'ennui. »
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Hervé Le Tellier
L'anomalie |
Hervé Le Tellier
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« En bourgeois qui se déclare l’ami de son jardinier, Prior s’est persuadé de cette fiction d’amitié, mais Joanna n’est dupe de rien. Elle discerne dans le rictus de Prior cet indicible du Sud qu’il porte sur lui, ces signes et ces nuances symboliques qui imprègnent toutes les relations raciales, elle reconnaît cette posture spontanée qui autorise une riche dame blanche aux cheveux bien mis à offrir à son chauffeur noir le plus radieux des sourires, un sourire d’affection écrasant où se déchiffre son impérieuse certitude de l’infériorité naturelle de ce petit-fils d’esclave, ce sourire empoisonné qui n’a pas bougé d’un pouce depuis Autant en emporte le vent et que toute son enfance Joanna a vu se dessiner sur les visages poudrés des clientes blanches de sa mère couturière. »
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Hervé Le Tellier
L'anomalie |
Hervé Le Tellier
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