« Je m'aperçois que ceux que j'évoque ici ont en commun de m'avoir enseigné quelque chose. Aujourd'hui, le temps des professeurs étant depuis longtemps révolu, je crois bien que ce sont mes patients qui sont devenus mes éducateurs quand il se fient comme moi à la psychanalyse, malgré tout. Autres figures plus intimes: ma femme, mes enfants, quelques amis qui, jour après jour, réveillent mon goût de vivre quand il tend à faiblir. (p. 134) »
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Jean-Bertrand Pontalis
Le songe de Monomotapa |
Jean-Bertrand Pontalis
Le songe de Monomotapa
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« Perversion/sublimation. L. se présente comme étant un artiste, il est reconnu comme tel. Le même L. se désigne comme étant un pervers. C'est un peintre qui représente des corps. Il ne les défigure pas, il respecte leur forme, il leur donne des couleurs lumineuses. Et, en même temps, subtilement, il les met en pièces. Un corps n'est plus alors qu'un assemblage de morceaux épars, une manière de collage ; la chair ne l'intéresse pas, ni celle des humains ni celle des objets (les objets aussi ont une chair ; voir les « Natures » improprement appelées « mortes »). D'ailleurs L. ne fait pas de différence entre un corps humain et un objet. Il a une grosse cote sur le marché de l'art. Des musées ont acheté ses toiles. Sublimation ? Si on accepte la définition d'usage : « dérivation des pulsions vers des buts socialement valorisés », etc. L. traite la femme qu'il « baise » - il ne dit pas : avec qui il fait l'amour -, et qui se prête au jeu, comme un agrégat d'organes. La femme toute entière, divisée, parcellisée est un organe sexuel. Le faire jouir, cet organe, par tous les moyens, le faire jouir, toujours plus fort, sans limites. Pulsion d'emprise proche d'un désir d'anéantissement de ce qui pourrait s'appeler un sujet. Perversion ? Là aussi si on accepte la définition d'usage : « Primat des pulsions partielles, au lieu du primat de l'organisation génitale », etc. Organisation : soumission à la forme, son unité. L'enfant pervers polymorphe. L'adulte qui tient à tout prix à faire preuve de sa normalité (le « normopathe » selon Joyce McDougall) serait-il un pervers polymorphe … et plutôt triste ? Sublimerions-nous dès l'origine ? Serions-nous tous des pervers plus ou moins contrôlés, plus ou moins amortis, nous efforçant de donner congé à l'enfant sauvage, ne lui permettant de se manifester que dans nos rêves ? »
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Jean-Bertrand Pontalis
En marge des jours |
Jean-Bertrand Pontalis
En marge des jours
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« une pensée ne saurait être que libre,ou plutôt n’obéir qu'à sa propre contrainte ,qu'à sa propre nécessité intérieure ,elle est par nature opposée à l'endoctrinement comme l'est,comme devrait l'être,la littérature. »
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Jean-Bertrand Pontalis
Un jour, le crime |
Jean-Bertrand Pontalis
Un jour, le crime
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