« D'abord, j'y vivais hors de ma famille où, comme dans toute famille, régnait une loi secrète du silence. Non qu'on y fut particulièrement réservé - nous avions même nos volubiles- mais tout ce qui se transmet de fort chez les siens, tout ce qui les attache, les fixe les uns aux autres, la haine ou l'amour, la rancoeur, le malaise, ne peut se dire. Cela, un enfant le perçoit plus vivement qu'un adulte. Et réussirait-elle à s'avouer, toute cette passion, que l'effet, comme on le voit plus tard dans les couples avides de transparence, serait nul. Seul le non-dit cimente la vie des familles, une vie qui ne bouge pas. »
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Jean-Bertrand Pontalis
L'amour des commencements |
Jean-Bertrand Pontalis
L'amour des commencements
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« Je déteste la violence et voici que je m’apprête à écrire un livre sur le crime. Si je la déteste tant, cette irruption de la violence, c’est que je la redoute et tente de m’en protéger, tel un enfant qui, après que sa mère a bordé soigneusement son lit, se croit assuré d’être à l’abri du cauchemar. »
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Jean-Bertrand Pontalis
Un jour, le crime |
Jean-Bertrand Pontalis
Un jour, le crime
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« Avant, pour tout un chacun, c’est son enfance. Qu’on y voie le temps d’un vert paradis ou qu’on la dénigre comme Sartre dans Les Mots, qu’elle soit l’objet d’une nostalgie ou qu’on se réjouisse d’en être sorti, tel le prisonnier délivré de sa cellule, tant elle fut malheureuse, on ne se lasse pas de l’évoquer, cet âge-là, de s’en remémorer les moments précieux, comme s’il y avait en lui quelque chose d’inoubliable qui aurait façonné notre futur en y laissant à jamais sa marque. »
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Jean-Bertrand Pontalis
Avant |
Jean-Bertrand Pontalis
Avant
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