« Nous n'avons plus affaire, dans le cas du meurtre, au retour ponctuel d'un élément refoulé - ce passager clandestin qui parvient à franchir la frontière - , mais à un retour en masse qui va au-delà du refoulement. Il ne s'agit pas, comme on le dit souvent, d'un fantasme qui demanderait à être réalisé. C'est un moment hallucinatoire. L'hallucination est plus forte que la perception. Je crois qu'à l'instant du meurtre la plupart des criminels sonthallucinés et que ce n'est pas seulement pour leur défense qu'une fois redevenus conscients ils affirment: "J'ai été pris d'un coup de folie." L'impératif "Tu ne tueras point" se transforme en son contraire, tout aussi impératif "Tu dois tuer". Et alors, c'est le déchaînement, un déchaînement qui brise les barrières, les digues, comme un cataclysme naturel, qui transgresse tout interdit, viole, fracasse, mutile le corps et, à l'extrême, le dépèce ou le dévore... Le réel, pour le meurtrier halluciné, c'est le corps. Dans quelles chaînes étaient-ils donc enserrés, ces déchaînés? Chaînes sociales, chaînes d'un langage qui leur était devenu étranger au point de les persécuter? Et alors survient l'explosion, leur corps explose dans le moment même où ils s'en prennent au corps de leur victime. Leur corps se déchaîne et devient fou: "J'aurais ta peau. Je t'arracherai les yeux." Le crime commis par les soeurs Papin est exemplaire. »
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Jean-Bertrand Pontalis
Un jour, le crime |
Jean-Bertrand Pontalis
Un jour, le crime
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« Pour vivre et nous croire libres, il nous faut plusieurs espaces. »
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Jean-Bertrand Pontalis
L'amour des commencements |
Jean-Bertrand Pontalis
L'amour des commencements
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« Tant qu'il y aura des livres, personne, jamais, n'aura le dernier mot. `Excipit` »
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Jean-Bertrand Pontalis
L'amour des commencements |
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