« Elle `Marie-Aude Murail à l’âge de 12 ans` : De toutes mes forces je refuse the murder of soul ! L'assassinat d’une âme à cause de deux ou trois bambins. Le matériel ne me tuera pas. Frotter les cuivres, faire l’argenterie, vu ? Dans une famille chacun doit porter sa part de médiocrité quotidienne ou bien il y a une sacrifiée. L'éternelle sacrifiée. Mais moi, je ne serai pas celle-là. Pas par égoïsme mais par refus de la facilité, je ne serai pas celle-là. Moi `Marie-Aude Murail aujourd’hui` : Tu refuses d'être une femme comme « celle-là », j'ai refusé d'être une mère comme « celle-là ». Puis j'ai été une femme comme les autres, une mère comme toutes les mères. Est-ce que je le regrette ? C'est ça que tu veux savoir ? Je me suis parfois étonnée de ce que maman se satisfit d'une vie artistique par procuration, mais j'ai été blessée de ce que mon père, malgré ses quatre enfants, considérait sa vie comme ratée parce qu'il était un poète incompris. Qu'est-ce que j'en conclus ? Que pour moi le carton plein, la vie réussie, c'est Dickens et ses dix enfants ? Mais il s'agit là d'une figure masculine. Si tu regardes du côté des femmes écrivains, que vois-tu ? Jane Austen, pas d'enfant ; les sœurs Brontë, pas d'enfant ; Madame d'Aulnoy, une « Chatte blanche » et un « Oiseau bleu » ; Béatrix Potter, des lapins ; Marguerite Yourcenar, pas d'enfant ; Colette, une fille à 40 ans ; Alexandra David-Néel, un fils adoptif tibétain ; Simone de Beauvoir, une fille adoptée à l'âge adulte ; Anaïs Nin, pas d'enfant ; Virginia Woolf, pas d'enfant ; Hannah Arendt, pas d'enfant ; Selma Lagerlöf, pas d'enfant ; Karen Blixen, pas d'enfant … OK, la comtesse de Ségur, huit enfants, mais elle publia après les avoir élevés. Aurais-je écrit mieux si j'avais été une femme libre, sans enfant à surveiller au jardin, sans caddie à remplir à Carrefour ? J'aurais sans doute écrit davantage. Et sûrement autre chose. J'écrivais dans le brouhaha de la vie, mon cahier sur les genoux, des gamins prenant leur goûter ou faisant leurs devoirs à côté de moi, avec Goldorak en fond sonore. Je n'ai eu la chambre à soi qu'à 42 ans, et contrairement à la recommandation de Virginia, elle ne fermait pas à clé. Quand j'écrivais, j'avais un ange dans mon dos. »
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Marie-Aude Murail
En nous beaucoup d'hommes respirent |
Marie-Aude Murail
En nous beaucoup d'hommes respirent
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« - Ah ça pue, c’est dégueulasse, râla Bart sur un ton d’agonie. C’était l’odeur de l’hôpital, un shoot d’éther et de Javel à vous mettre le blues pour le reste de la journée. »
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Marie-Aude Murail
Oh, boy ! |
Marie-Aude Murail
Oh, boy !
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« - Mais pourquoi ce n'est pas toi qui es muette ? se lamenta papa Larbi. De mon temps, quand mon père parlait, personne ne le coupait. Il disait : "Entendre, c'est obéir." - Dans ce cas, je veux bien être sourde, dit Djemilah. »
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Marie-Aude Murail
Simple |
Marie-Aude Murail
Simple
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