« `...` les Etats-Unis étaient très loin "très derrière les Soviétiques pour ce qui est de gagner le contrôle des esprits et des émotions des peuples peu sophistiqués". Dulles et Eisenhower exprimèrent leurs inquiétudes face à la capacité des communistes à "prendre le contrôle des mouvements de masse", capacité "que nous ne savons pas imiter". "Les pauvres sont ceux qu'ils attirent, et ils ont toujours voulu piller les riches". En d'autres termes, il nous était difficile de persuader les gens d'accepter notre doctrine, selon laquelle ce sont les riches qui doivent piller les pauvres. »
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Noam Chomsky
Le Profit avant l'homme |
Noam Chomsky
Le Profit avant l'homme
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« Pour Aristote, la démocratie doit nécessairement être participative (même s'il en exclut notamment les femmes et les esclaves) et viser le bien commun. Pour fonctionner, elle doit veiller à ce que tous les citoyens jouissent d'une égalité relative, d'une fortune moyenne, mais « suffisante » et d’un accès durable à la propriété. Autrement dit, Aristote considère qu'un régime ne peut être sérieusement qualifié de démocratique si les inégalités entre riches et pauvres y sont trop grandes. la véritable démocratie correspond pour lui à ce qu'on qualifierait aujourd'hui d'État-providence, mais dans une forme radicale allant bien au-delà de tout ce qu'on a pu envisager au XXème siècle. L’idée voulant que grandes fortunes et démocratie ne puissent coexister fera son chemin jusqu’aux Lumières et au libéralisme classique, notamment chez des figures comme Alexis de Tocqueville, Adam Smith et Thomas Jefferson, qui en assumeront plus ou moins les implications. /…/ James Madison (quatrième président des Etats Unis de 1809 à 1817), loin d’être bête, était conscient du problème, mais, contrairement à Aristote, il s’employait à limiter la démocratie. Selon lui, le principal objectif d’un gouvernement consistait à « protéger la minorité des possédants contre la majorité. » /…/ Madison a donc conçu un système destiné à empêcher la démocratie de fonctionner, où le pouvoir serait détenu par « une équipe d'hommes parmi les plus compétents », ceux auxquels appartenait « la richesse de la nation ». Au fil des ans, les autres citoyens seraient relégués aux marges ou divisés de diverses façons: découpages des circonscriptions électorales, obstacles aux luttes syndicales et à la coopération ouvrière, exploitation des conflits interethniques, etc.. /.../ Il est fort peu probable que ce que l'on considère aujourd'hui comme les "conséquences inévitables du marché" puisse être toléré dans une société vraiment démocratique. »
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Noam Chomsky
Le bien commun |
Noam Chomsky
Le bien commun
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« L’enfant ne peut pas savoir à la naissance quelle langue il va apprendre, mais il doit savoir que sa grammaire doit être d’une forme prédéterminée qui exclut beaucoup de langues imaginables. Ayant sélectionné une hypothèse acceptable, il peut utiliser les preuves inductives pour l’action corrective, confirmant ou infirmant son choix. Une fois que l’hypothèse est suffisamment bien confirmée, l’enfant connaît la langue définie par cette hypothèse ; sa connaissance s’étend par conséquent beaucoup plus loin que son expérience et le mène en fait à caractériser une partie des données de l’expérience comme incomplète et déviante. »
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Noam Chomsky
Le Langage et la Pensée |
Noam Chomsky
Le Langage et la Pensée
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