« C’est en se dotant d’une couche isolante, dont le rôle n’est pas d’interdire, mais de réguler l’échange entre un dedans et un dehors, qu’un être vivant peut se former et croître. »
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Régis Debray
Eloge des frontières |
Régis Debray
Eloge des frontières
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« Quelques sottises et clichés politiquement corrects : Ce faux vieux monsieur, chaque année qui passe lui donne un coup de jeune ... (p. 11) (Brassens et Valéry) Le patricien et le plébéien, égaux pour la technique et la discipline, hantés l'un et l'autre par l'exactitude des mots et leur musique, se répondent à distance... L'Olympia et l'Olympe, ce sont deux voies également royales vers la Beauté. p. 18. (La Méditerranée) La mer intérieure est solidaire d'un humanisme lumineux, pluriel, métis ... p. 24 (Mallarmé) Valéry a vingt ans, en 1891, quand il vient rencontrer "le suprême, le paternel ami", prof d'anglais au bahut du coin... p. 35 (Minorités dans l'Affaire Dreyfus) Le tropisme protestant a poussé Gide à rallier les pétitionnaires de L'Aurore : un statut de minoritaire, en l'occurrence religieux et sexuel, est toujours de nature à pousser dans le bon camp.. p. 61. "Deux choses menacent le monde : l'ordre et le désordre." Autrement dit, la droite et la gauche. p.106 Etc... »
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Régis Debray
Un été avec Paul Valéry |
Régis Debray
Un été avec Paul Valéry
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« Qu’a-t-elle d’européen notre Europe alignée, recouverte d’un bleu manteau de supermarkets, le successeur du blanc manteau d’églises, avec, çà et là, et en supplément d’âme, des musées aux formes avantageuses, où venir remplir en bâillant ses obligations culturelles ? Il y avait plus d’Europe à l’âge des monastères, quand l’Irlandais Colomban venait semer ses abbayes aux quatre coins du continent. Plus, à la bataille de Lépante, quand Savoyards, Génois, Romains, Vénitiens et Espagnols se ruèrent au combat contre la flotte du Grand Turc, sous la houlette de Don Juan d’Autriche. Plus à l’âge pacifique des Lumières, quand Voltaire venait battre le carton à Sans-Souci avec Frédéric II, ou quand Diderot tapait sur l’épaule de Catherine II à Saint-Pétersbourg. Plus, à l’âge des Voyageurs de l’impériale, quand Clara Zetkin remuait le coeur des ouvriers français, et Jaurès, les congrès socialistes allemands. Le russe et l’allemand s’enseignaient cinq fois plus dans nos lycées en 1950 qu’aujourd’hui ; il y avait alors plus d’Italie en France et de France en Italie qu’il n’y en a à présent. Nous suivons de jour en jour les péripéties de la politique intérieure américaine, et une quinte de toux de Mme Clinton en campagne fait l’ouverture de nos journaux télévisés, mais nous n’avons pas dix secondes pour un changement de paysage en Roumanie ou en Tchéquie. Les satellites de diffusion et notre paresse intellectuelle mettent New York sur notre palier, Varsovie dans la steppe et Moscou au Kamtchatka. »
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Régis Debray
Civilisation |
Régis Debray
Civilisation
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