« Comment garder l'Histoire en vie dans les têtes si, Soljenitsyne en alibi, on abandonne l'économie du salut en cherchant son salut dans l'économie? »
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Régis Debray
Madame H. |
Régis Debray
Madame H.
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« (L'image corps spirituel chez les chrétiens, p. 84, chap. 3, Le génie du christianisme) Le divin, objecte l'iconoclaste, est indescriptible, c'est pourquoi toute image de lui ne peut être que « pseudo » et non « homo », mensongère et non ressemblante. Spirituel et invisible seraient alors synonymes. C'est ce couple immémorial que brise le christianisme, révolution dans la Révélation. Voilà que la matière relaie les énergies divines au lieu de les barrer. Loin d'avoir à s'en arracher, la délivrance passe par le corps, son ancien tombeau, et par ces corps du corps que sont les images sanctifiantes et vivifiantes du Sauveur. L'extérieur, c'est aussi l'intérieur. `…` Il n'y a plus d'incompatibilité entre la jouissance du sensible et l'ascèse du salut. Toute gloire n'est pas gloriole, on peut accéder à l'invisible par nos yeux de chair, le salut se joue à même l'histoire. Le don qu'a le catholique pour le militantisme ne fait qu'un avec son don pour les images, sa fabrication et leur compréhension. »
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Régis Debray
Vie et mort de l'image |
Régis Debray
Vie et mort de l'image
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« Mais pouvait-il en être autrement, dans nos contrées, dès lors qu’une civilisation dynamique et englobante venait à folkloriser nos cultures locales, transformées en écomusées, séjours touristiques et Venises encombrées ? Ce n’est pas par servilité mais par inculturation que l’extraterritorialité du droit américain est vécue comme naturelle. On ne comprendrait pas sinon qu’on accepte aussi facilement d’être taxé (acier et aluminium), racketté (les banques), écouté (la NSA), pris en otage (l’automobile allemande), commandé ou décommandé in extremis (militairement), soumis au chantage (nos entreprises en Iran), etc. L’hyperpuissance a obtenu sa naturalisation, et nous vivons comme nôtres ses conflits domestiques (tous de cœur derrière Mme Clinton, la bonne Amérique, contre la méchante, celle de Trump, en nous affiliant au Parti démocrate). « Le pouvoir, c’est de régner sur les imaginations », disait Necker, et l’américanisation de notre espace public (les « primaires ») a suivi celle de nos rêveries intimes. »
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Régis Debray
L'Europe fantôme |
Régis Debray
L'Europe fantôme
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