« La globalisation qui standardise le matériel, tribalise le mental (ceci parce que cela), au moment même où l'informatique mondialise la tribu. Un site corse indépendantiste se sert d'Internet pour recenser partout dans le monde les "vrais Corses d'origine". Le 'creuset des cultures' n'a rien du 'cracking' espéré, et l'interpénétration, créative, est aussi explosive (tant que les gens ne se rencontrent pas trop, tout va bien). »

« la rançon de la demeure, ce sont les murs. La maison qui nous réunit nous sépare. C'est pourquoi l'identitaire n'est jamais loin du sécuritaire. On se braque contre tout ce qui peut venir déstabiliser le 'sweet home' (l'espace coutumier de cohabitation). Le droit à la Terre promise, c'est le droit à l'utérus pour tous ; et l'Exil, métaphore de l'expulsion natale, illustre la contrainte où nous sommes de grandir, mûrir et apprendre à nos frais. Pour quoi faire, l'au-delà, en un mot ? Pour revenir en deçà, pour réparer le traumatisme de naître. »

« Pour l'heure, le "partenariat transatlantique" va bon train et "l'Europe" des artifices défait l'Europe profonde. Mue après guerre par les meilleures intentions du monde, à l'abri d'une paix gagnée par la dissuasion nucléaire et l'équilibre des deux blocs, le beau projet fut bientôt l'otage d'une idée naïve : qu'une Cour de Justice et un marché libre peuvent fabriquer un peuple, comme une monnaie unique un réflexe de solidarité et des directives, un sentiment d'appartenance. D'où est sortie une auberge espagnole où la langue anglaise fait loi, tout entière acquise aux forces du marché, que l'on voit reféodaliser les espaces nationaux, mettant les pouvoirs publics, ou ce qu'il en reste, sous la coupe d'empires financiers privés et de lobbies voraces. »