« Nos métropoles mettent deux miroirs à disposition de l'émancipé, qui devraient l'amener à réfléchir plus souvent sur ce qu'il est, non sur ce qu'il aimerait être : le zoo et la cathédrale. On ne perd jamais son temps à s'y promener, et surtout à faire des allers-retours (entre Notre-Dame et le Jardin des Plantes, quand on est parisien, le périple peut se faire à pied). 'L'homme passe infiniment l'homme' : et les ménageries nous confrontent sans ménagement à ce qui dépasse côté singe, et 'Le Messie' de Haendel, à ce qui dépasse côté ange. Si notre espèce devait un jour se donner un drapeau - pour se distinguer des voisines -, il serait sang et or. Chez nous, les bipèdes sans plumes, on tue le congénère, et on adore le Tout-Autre. Vous, les quadrupèdes, vous n'adorez personne et ne tuez que des étrangers. Le mammifère humain se cerne mieux en tenaille, par le Tout-Autre et le tout-proche. Suivre l'évolution des hominidés, de l'Homo erectus (-700 000) au Sapiens sapiens (-35 000), oblige à réunir les deux bouts de la chaîne, le chimpanzé et l'ascète, la tanière et la crypte. Dont le recroisement a produit le primate omnivore à station verticale, vous et moi. Disons qu'il faut prendre le dieu Râ ou le Brahman au sérieux, aussi bien que le macaque rhésus ou le petit bonobo, si l'on veut pouvoir repérer sans chichis ni faux-semblants par quoi le singe vertical, avec son nimbe et ses souillures, se différencie du cousin non humain. »
|
Régis Debray
Le feu sacré |
Régis Debray
Le feu sacré
|
« "Il y a un rêve américain, il n’y a qu’une banque européenne." »
|
Régis Debray
Les communions humaines |
Régis Debray
Les communions humaines
|
« Renoncer à soi-même est un effort assez vain: pour se dépasser mieux vaut commencer par s'assumer. »
|
Régis Debray
Eloge des frontières |
Régis Debray
Eloge des frontières
|