« Quand l’Homme vomissait son quotidien sur la planète, il ne voyait pas l’impact direct de son geste. Un quelconque individu montrait son déni de conscience dès la première heure d’une journée. Il se levait, allumait sa lumière fournie au nucléaire, restait 20 minutes sous la douche, car ça réveille et ça détend, enfilait son 5e pantalon de la semaine, son 8e tee-shirt alors qu’il n’était que jeudi, utilisait des cosmétiques de torture animale, avalait un verre de jus d’oranges pressées à l’autre bout du monde, compacté dans du plastique qui finira sur le 7e continent, ne mangeait qu’à moitié une tartine recouverte d’un chocolat saveur déforestation de masse, chaussait des baskets fabriquées par des orphelins payés à la cacahuète, de l’autre côté des océans, se blottissait dans un manteau raffiné au pétrole et montait dans sa voiture fumante de CO². Tout le monde faisait ce genre de chose, mais tout le monde n’était qu’un petit moi qui n’était pas responsable. Ils étaient des milliards de petit moi, en participant à ce déni universel, tous se suivaient vers une fin du monde – quelle qu’elle soit. »
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Valentin Auwercx
Demain, les Hommes |
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« Le regard de Charly parcourut la voûte céleste qui demeurait timide à cause de la pollution lumineuse. Pour lui, le ciel ne comptait qu’une cinquantaine d’astres, il n’en avait jamais vu plus et ne soupçonnait pas un instant que l’urbanisation globale dissimulait l’immensité et la beauté de l’univers. »
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Valentin Auwercx
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« À l'heure où je vous parle, hier est déjà loin, aujourd'hui est devenu demain. Nous avons ouvert la porte d'un autre avenir que l'on appelle internet. Il paraissait audacieux, radieux, mais il s'est avéré vicieux. Nous sommes maintenant tous connectés, mais les yeux baissés, muets de toute humanité. Le savoir étant trop facile à prendre, nous abrutir est devenu une manière d'apprendre. La colère n'est plus qu'un commentaire, il n'y a plus d'action, donc aucune réaction. La dignité s'achète, le mensonge se vend, et l'égocentrisme se chiffre. Nous nous déguisons de pixels pour fuir la réalité que nous saccageons. Nous vivons virtuel au point d'en oublier que nous sommes mortels. C'est triste, nous nous déshumanisons pas à pas, mais malgré tout, nous continuons de marcher. Alors, s'il vous plaît, aidez-moi. La vie, qu'est-ce que c'est ? Parce que tout le monde semble l'avoir oubliée… »
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Valentin Auwercx
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